INTRODUCTION
Avec le serment d’Hippocrate [1], la profession médicale revendique une impressionnante continuité à la fois philosophique et éthique. Le serment d’Hippocrate continue à être prêté dans bon nombre de facultés de médecine à travers le monde entier, il est vrai avec de nombreux remaniements dont la disparition de la mention des dieux grecs et des esclaves. Il atteste le souci continu de marquer la spécificité d’une profession reconnue comme un des plus vieux métiers du monde, et rappelle qu’elle obéit à une loi que ses membres ont eux-mêmes définie. Une prétention qui peut paraître exorbitante, mais qui signifie que cette loi doit aussi se positionner par rapport à l’ensemble des lois existantes, à la fois divines et humaines. La permanence apparente de cette déontologie médicale ne doit cependant pas laisser ignorer les changements considérables survenus tout à la fois dans les sciences, dans le droit et dans les mœurs. Au regard de l’histoire et de la philosophie contemporaines, que restet-il aujourd’hui de la revendication d’une profession unie par l’affirmation de valeurs universelles ? Peut-il y avoir permanence et universalité de l’éthique médicale, face au monde d’aujourd’hui, irréductiblement divers et irréversiblement « globalisé » ?